On a déjà tout dit pour décrire Tôkyô Babylon. C'est classe, moderne, mode et cool. Et si c'était seulement... humain ?

Troisième création de Clamp, TOKYO BABYLON nous conte les aventures de trois personnages pittoresques à l'intérieur d'un Tôkyô très différent de celui que l'on a l'habitude d'imaginer. En effet, les auteurs - provinciales alors fraîchement débarquées dans la capitale - ont réussi à décrire la peur que leur inspirait l'immense mégalopole déshumanisée. Le manga est un habile mélange entre l'histoire principale (qui progresse à petits pas pour éclater dans toute son horreur dans le septième et dernier tome), des histoires de fantômes et des réflexions sur la vie des hommes. C'est ce dernier aspect qui donne toute sa spendeur et sa profondeur à ce manga.

Subaru Sumeragi est un beau jeune homme de 16 ans qui pratique l'exorcisme en dehors de ses heures de cours... En effet, il est le treizième hériter d'un clan qui, depuis des temps immémoriaux (et ça n'est que le treizième ??), s'est donné pour mission de protéger le Japon spirituel. Ainsi communique-t'il avec l'Au-delà pour tenter de résoudre les problèmes de ses clients. Subaru a un coeur d'or, il vit à travers les autres et surtout partage leur douleur. C'est de loin le personnage le plus malheureux, le plus déchiré que le monde du manga nous ait jamais montré...

Hokuto Sumeragi est sa soeur jumelle. Elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau, mais pas dans la tête: elle semble en effet superficielle, ne cherchant qu'à délirer, ce qui n'est qu'à moitié vrai. En fait, elle n'a jamais pu développer de pouvoirs psychiques aussi puissants que ceux de son frère. En contrepartie, elle s'attache à le consoler, à le détourner de ses soucis. Mais son destin est autrement plus tragique... Elle sait qu'elle devra donner sa vie pour son frère, dont la survie est capitale pour notre monde.

Enfin, Seishirô Sakurazuka, 25 ans, est le dernier personnage du trio de Tôkyô Babylon. Il est à la fois mystérieux et rassurant. Vétérinaire, il a rencontré Subaru dans des circonstances étranges et l'a invité à venir loger avec sa soeur dans sa clinique. Sei-chan, comme on l'appelle, est grand, porte des lunettes et forme un duo comique avec Hokuto qui est heureuse d'avoir trouvé un partenaire mais ne peut en même temps s'empêcher de s'inquiéter au sujet de cet homme dont elle ne sait rien... En effet, il est en réalité l'héritier du clan Sakurazukamori, éternel ennemi des Sumeragi. Totalement dénué de sentiments, il ne fait pas la différence entre commettre un meurtre et casser un verre. Il a découvert Subaru quand celui-ci n'était qu'un frêle enfant et, frappé par la bonté inhabituelle qui se dégageait de lui, il s'est promis qu'un jour il vivrait un an à ses côtés. Si après ce délai, il arrivait à éprouver un quelconque sentiment pour Subaru, il lui laisserait la vie sauve. Sinon...

Le manga nous décrit une dizaine de cas paranormaux auxquels sera confronté Subaru. A chaque fois, on lui donne l'occasion de découvrir l'un des nombreux maux qui frappent la capitale et l'état de désoeuvrement qu'ont atteint certaines personnes à cause de leur situation. Ainsi, un thème récurrent du manga est la relation parent-enfant et surtout mère-enfant. Telle fille se suicide par peur de décevoir sa mère, telle mère sombre lentement dans la folie après avoir assisté à la remise en liberté de celui qui a violé et assassiné sa fille... Tôkyô Babylon n'est pas gai, à l'image de la ville qu'il dépeint, la ville qui enchante les rêves de ces petites Provinciales déçues par cette mégalopole si inhumaine...

C'est peut-être parce que Tôkyô a perdu son humanité qu'on peut y trouver des gens comme Seishirô. Il ne tient qu'à nous de chercher à y remédier. Le message de Tôkyô Babylon n'est pas foncièrement pessimiste; au contraire, Clamp a foi en l'homme. Tant qu'il existera des Subaru, les mangas véhiculeront l'optimisme d'un nation qui a toujours su se relever et tirer leçon de ses échecs.

Voir un article sur le premier OAV

Cyber Namida est le fruit de la passion de René-Gilles Deberdt. Tous droits réservés.