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Qui ça ? Les Sliders, c'est une équipe de quatre personnes aussi différentes qu'animées par le même désir: se sortir de leur situation commune ! Quinn Mallory, un jeune et brillant étudiant de San Francisco, réalise des expériences très étranges dans le sous-sol de sa maison... Son but : trouver un moyen de glisser (to slide, en anglais) à travers les autres dimensions de notre planète; des mondes à part, situés au même endroit, à la même époque, mais... où l'Histoire se déroule différemment. Au cours d'un essai presque réussi, Quinn va emmener avec lui Maximillian Arturo, son très sceptique professeur " d'ontologie et de cosmologie ", comme il dit lui-même, qui ne voit pas d'un très bon oeil qu'un de ses élèves puisse le surpasser, la très jolie Wade Wells, une amie d'enfance, et... Rembrandt Brown, un chanteur noir de rhythm'n'blues, qui sera pris dans le champ d'action du passage inter-dimensionnel alors qu'il ne faisait que passer en voiture devant la maison de Quinn... Tout aurait pu bien se dérouler si... Ils n'avaient pas commis une erreur qui leur empêche désormais de contrôler leur point de destination ! Condamnés à errer indéfiniment dans les diverses dimensions qui s'offrent à eux, ils doivent se sortir du pétrin dans lequel ils se fourrent à chaque fois, avant de pouvoir emprunter le prochain passage dimensionnel (ou trou de ver) vers un autre monde tout aussi tordu...
Sliders, c'est d'abord une série TV de science-fiction qui a démarré aux Etats-Unis en mars 1995. D'un coup élevé (à cause d'effets spéciaux parfois relativement élaborés), son audience insuffisante lui a valu d'être arrêtée à son neuvième épisode, sur une scène absolument... choquante. La pression des fans a fait changer d'avis la chaîne productrice, la Fox, et treize nouveaux épisodes ont été tournés pour être diffusés à partir du printemps 96, chaque vendredi à 20h, juste avant la troisième saison des... X-Files. Puis rebelotte : arrêt au bout de treize épisodes. La série a repris depuis le 20 septembre, cette fois diffusée (toujours à la même heure, les X-Files ayant été déplacés au dimanche soir) avant Millennium, la nouvelle série de Chris Carter. Vingt-cinq épisodes sont prévus, qui viendront s'ajouter aux déjà mythiques 22 épisodes déjà diffusés. Les producteurs ont annoncé que la série serait moins éprouvante que la deuxième saison. Ouf ! Très adulte, elle ne nous donnait pas souvent l'occasion de sourire...
Ce qui fait le charme de Sliders ? D'abord, ses personnages. Que ce soit Quinn, le jeune premier, héros aux apparences inintéressant mais qui s'avère bien plus passionnant au fil des épisodes, Wade, qui a du mal à assumer son amour pour Quinn et aimerait surtout rentrer chez elle et retrouver sa famille, Arturo qui garde toujours la tête froide mais peut étonner par son comportement désopilant par moments, ou Remmy (comme on l'appelle souvent), qui ne pense qu'à se renseigner pour savoir s'il est devenu célèbre dans le monde dans lequel il a atterri, ils sont tous aussi attachants.
Ensuite, les situations. Malgré quelques épisodes communs et somme toute pénibles à regarder, la plupart des histoires sont originales et bourrées de rebondissements. Et on sait que les auteurs ont encore beaucoup de matière à exploiter, beaucoup de mondes à faire explorer aux Sliders, surtout qu'ils restent à l'écoute des fans qui ne se privent pas pour leur proposer des idées de scénario ! Le plus intéressant, c'est qu'une grande partie des épisodes sont de véritables hommages à des films ou des romans... Certains mêmes sont entièrement basés sur une parodie. On a ainsi pu visiter des mondes proches de Robin des bois, Running Man, Le magicien d'Oz, Jurassic Park, Le Prisonnier, Ghost, Code Quantum, Twister, Soleil Vert ou des tas d'autres encore ! Bon, c'est sûr, l'originalité en prend un coup, mais c'est toujours très agréable de s'amuser à repérer les petits hommages camouflés... Ainsi, dans la troisième saison, on retrouve dans les premiers épisodes diffusés des petites références à Stand By Me, le premier film de Jerry O'Connell (Quinn Mallory) !
Et puis n'oublions pas tout ce qui entoure l'univers de la série: la qualité (et l'originalité) de la réalisation de certains épisodes, la beauté des génériques, des costumes ou des reconstitutions (avec quelques hics de temps en temps tout de même !), et des centaines de détails à chaque épisode que les fans se feront un plaisir de repérer à force de les regarder... Car ce n'est pas une simple série qui se consomme une fois et s'oublie aussi vite... Tout comme dans Code Quantum ou les X-Files, chaque épisode est un film en lui-même, et le fait de changer de monde à chaque fois permet de renouveller les ambiances et les genres abordés à chaque fois. On peut se retrouver soit en plein film policier, fantastique, romantique, historique, d'aventures, ou même dans un western ! Les scénaristes nous ont même trouvé pour la troisième saison un moyen de leur faire remonter le temps, en les faisant voyager dans des dimensions où le temps se déroule plus lentement... Ben tant qu'à faire ;-)
Une autre particularité de Sliders est de faire des hommages de plus en plus fréquents à des films ou autres oeuvres connues, parfois pour le sujet (ou le titre) d'un épisode, parfois pour de simples détails... En voici quelques exemples.
Dans la première saison, Un monde très " british " dévie largement vers Robin des bois dans la deuxième partie de l'épisode... L'épisode inédit en France, Fever, doit peut-être son sujet à l'actualité cinéma d'alors (Alerte ou Outbreak, avec Dustin Hoffman). Quant à Un monde parfait, il serait très inspiré d'une nouvelle sur le même sujet de Shirley Jackson, The Lottery...
Dans la deuxième saison, les hommages se font plus nets. Dès le premier épisode, Un monde mystique, on entame avec un scénario copié sur Le magicien d'Oz. Le Quinn de ce monde vient d'un autre monde lui aussi, il peut aider les Sliders à rentrer chez eux, et il terrorise la population en se créant une image... De plus, il demande aux Sliders, avant de pouvoir les aider, d'éliminer le " sorcier " local, comme dans le conte original...
Un monde de dinosaures reprend à Jurassic Park des dinosaures bien en vie encore de nos jours, des images de synthèse relativement évoluées et bien entendu le parc naturel dans lequel nos Sliders se retrouvent projetés.
Un monde sans hommes est, paraît-il, en partie repris d'un roman de Margaret Atwood, Handmaid's Tale, déjà adapté en film.
Un monde sans technologie est quant à lui inspiré de deux oeuvres de grande qualité, Code Quantum (Quinn se retrouve dans une autre dimension du monde des autres Sliders, et paraît immatériel pour ce monde, tout comme l'est Al dans les épisodes de la fabuleuse série), et bien sûr Ghost, puisqu'il ne peut communiquer avec ses amis que grâce à Gillian, une médium qui arrive à entendre ses paroles et qui est prise pour une folle.
Un monde impitoyable et Un monde incorruptible sont de lamentables reproductions sans génie d'un western spaghetti quelconque et des Affranchis (c'est le titre français du Goodfellas de Martin Scorcese). Oublions rapidement ces deux épisodes.
Un monde carcéral doit beaucoup au fameux Prisonnier, avec son univers "tout beau tout gentil" où les voitures roulent à faible vitesse, où tout est propre mais où chaque habitant est prisonnier des murs de la prison de San Francisco, tels les habitants du Village...
Invasion est un hommage évident à deux films-culte, La planète des singes (d'ailleurs, le mot Kromagg n'est-il pas une déformation de Cro-Magnon ?) et La Guerre des Mondes (ou tout autre film ou série dans le genre, V ou Independance Day venant accessoirement à l'esprit).
Un monde de jeunes s'inspire de l'idée de départ de Logan's Run (L'âge de cristal), et enfin le dernier épisode officiel de la deuxième saison, Le monde de Chronos, rend hommage une nouvelle fois à Code Quantum puisque dans un des mondes qu'il visite, Quinn va rendre son double heureux en envoyant la femme de sa vie vivre chez celui-ci... Au lieu de l'emmener, elle et son enfant, dans son dangereux périple à travers les dimensions. Magnifique, et proche dans le concept du dernier épisode de Code Quantum...
Pour terminer, dans la troisième saison, encore inédite en France à l'heure où j'écris ces lignes, les épisodes sont encore plus copieusement pompés (ou inspirés) de films célèbres. On le constate rien qu'en lisant les titres des premiers épisodes : Rules of the game (Running Man 2 !), Double Cross, Electric Twister Acid Test (Twister 2), The Dream Masters (Freddy 24), Desert Storm (Mad Max 12), Dead Man Sliding (...Walking), The Prince Of Slides (...Of Tides), The Guardian (où Quinn revient de douze ans dans le passé), Dragon Slide (dans un univers moyen-âgeux), The Fire Within, State of the A.R.T., Season's Greedings (un Spécial Noël), diffusé le 20 décembre 1996, et Murder Most Foul, inspiré de l'univers de Sherlock Holmes. Ouf...
Si avec tout ça, vous n'arrivez pas à vous rendre compte des références cachées de la série, c'est à désespérer... Sans compter toutes ces petites plaisanteries sous-jacentes qu'on retrouve dans chaque épisode, et qui ne seront comprises que par les proches des producteurs !!
Dommage que le suivi des chaînes ne soit pas formidable... L'ordre de diffusion des épisodes sur la Fox fut chaotique aux USA. Ce fut un peu mieux pour la deuxième saison (un peu, j'ai dit, pas "beaucoup"). Mais ça reprend n'importe comment pour la troisième saison, tout ça pour des raisons de stratégies de diffusion par rapport aux chaînes concurrentes... En France, c'est encore pire... Un épisode (Fever, un monde sans maladie) a sauté, avant d'être diffusé isolément en pleine nuit quatre mois plus tard (!), et les autres ont tous été diffusés n'importe comment (à part le premier et le dernier de chaque saison), sauf peut-être pour la deuxième diffusion de la première saison, qui était relativement acceptable. Et ne parlons pas des traductions épouvantables !!
Ainsi, le fameux puits de chaleur dont parlent régulièrement les personnages au cours des épisodes (il s'agit de ces tourbillons ou vortex dans lesquels ils se jettent au moment de glisser dans un autre monde) sont en fait en anglais des worm holes, c'est-à-dire des trous de ver. Sur un plan scientifique, bon, je me suis renseigné auprès d'un lecteur assidu de Science et Vie (hihi), il s'agit tout simplement d'un système trou noir-trou blanc. Le trou noir est une aberration physique, la déformation du plan dimensionnel (ça veut dire quelque chose, ça ?) dûe à la trop forte densité d'un point de l'espace (par exemple après la mort d'une étoile, selon les théories). Ce point attirerait vers lui tout ce qui se trouve près de lui, et " l'avalerait " entièrement (le broyeur le plus efficace de tous les temps, qui réduit tout objet à l'état d'atome !). Concrètement, ça donne ces gros tourbillons dont il ne faut jamais s'approcher... Quant aux trous blancs, c'est le contraire: ils " crééraient " de la matière à partir de rien du tout. Les scientifiques, pour se simplifier la vie, ont donc imaginer une connexion entre chaque trou noir et chaque trou blanc. L'ensemble est appelé " trou de ver ". Il existerait également (toujours selon les scientifiques) des " trous de ver instantanés " qui se développent à tout moment, et pour une durée indéterminée. Une théorie bien pratique pour nos Sliders... Par contre, j'ai du mal à les imaginer se jetant dans un mini-trou noir (sur Terre ?!), se faisant décomposer à l'état atomique, et se faisant reconstituer dans une autre dimension... D'ailleurs, l'idée même de tunnel est un peu superflue... Mais que voulez-vous, il faut bien que la série soit accessible au grand public, on est en prime time hein...
Un autre exemple amusant de traduction débile : dans l'épisode Eggheads, on peut voir un clip avec trois rappeurs qui vantent les mérites de la bibliothèque. Dans le générique de fin, on retrouve nos trois zigotos qualifiés de " violeurs " ! Très fort, non ? (A tout hasard, en anglais, violer, c'est to rape...)
Mais tout cela ne gâche en rien le plaisir de regarder cette série d'un autre temps, d'un autre genre... Elle méritait bien qu'on lui consacre un article ! Une prochaine fois, en fonction de la place disponible, j'essaierai de vous présenter plus en détail les épisodes des trois premières saisons... Espérons simplement que M6 pensera un jour à rediffuser la série, dans un ordre moins chaotique et en insérant Fever au bon endroit... On priera surtout pour que la chaîne nous permette à la rentrée 1997 de découvrir la troisième, en version française ! Surtout qu'elle devrait totaliser 25 épisodes, soit trois épisodes de plus que les deux premières saisons réunies !
Le fond d'écran de ce Sanctuaire est tiré de la série My So-Called Life. En effet, j'ai l'intention de le transformer prochainement en Sanctuaire dédié aux meilleures séries américaines, avec des articles supplémentaires sur MSCL, Code Quantum et Life Goes On.
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