> Article | Portrait de Tomomi Mochizuki |
Né le 31 décembre 1958 sur l'île d'Hokkaidô, Tomomi Mochizuki est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands, si ce n'est le plus grand réalisateur romantique de dessins animés japonais. En 1981, étudiant à l'université de Waseda, il survit en travaillant à mi-temps dans une petite société d'animation (Asia-dô) aux côtés de son futur mentor, Osamu Kobayashi, qui l'engagera par la suite dans ses grands projets (Creamy et Orange Road). Il se voit confier un an plus tard la réalisation d'un épisode de la série Ninjaman Ippei - dont le storyboard sera dessiné par Kobayashi, toujours là pour encourager son talent. Il enchaîne sur la jolie série TV romantique Tokimeki Tonight, dont il réalisera six épisodes. C'est probablement là qu'il découvrira son goût pour l'animation romantique. Enfin, il dessine le storyboard d'un épisode de Fuku-chan, d'après le célèbre manga yon-koma de Ryûichi Yokoyama, l'un des pionniers de la BD japonaise.
En 1983, Kobayashi et Mochizuki quittent Asia-dô pour rejoindre les Studios Pierrot. Leur premier succès commun sera Creamy Mami, série-culte pour laquelle Tomomi signera dix épisodes parmi les plus beaux. Ainsi, Le seigneur des rêves (très poétique et émouvant), Adieu pouvoirs magiques (ce pur monument d'émotion est à l'origine de la passion pour le manga de votre serviteur...), Persévérance, Le pianiste de Creamy (le romantisme absolu), et Pouvoirs envolés (le premiers des trois mémorables derniers épisodes). C'est ici que Mochizuki a vraiment commencé à maîtriser les effets de caméra, à dessiner des story-boards originaux au possible et surtout à montrer l'étendue de son talent dans la description tout en finesse des sentiments. Il réalisera de plus les trois magnifiques OAV tirés de la série. Il est également à l'origine d'un générique de Vanessa, des épisodes 172 et 177 de Lamu, du court métrage Creamy Mami contre Minky Momo ou encore de quatre épisodes d'Emi Magique.
Commence alors dès 1985 la période Orange Road (Max et compagnie). Il est déjà chargé du film pilote d'Orange Road, un court-métrage de 25mn qui se déroule à Okinawa. Bien que celui-ci soit assez amusant, Mochizuki n'en est pas aussi fier que de Creamy. Par la suite, il signe huit génériques (dont trois, magnifiques, pour les OAV), et surtout la réalisation du dernier épisode de la série TV. Merveille des merveilles !! vous souvenez-vous du baiser final ? Le coup de théâtre final, c'est en 1989 son long métrage Kimagure Orange Road - Ano hi ni kaeritai, diffusé en France dans une version désastreuse. On a rarement vu un film d'amour aussi juste et déchirant.
Revenons un peu en arrière Mochizuki a peut-être atteint le point culminant de sa carrière dans le romantisme en 1986. C'est cette année qu'il a réalisé, en dehors d'un passage rapide sur un épisode de Touch (Théo), une série inoubliable de 19 épisodes sur la gymnastique rythmique : Cynthia, alias Hikari no densetsu. Notre ami a dépeint à travers cette commande de la Tatsunoko, adaptée d'un manga d'Izumi Asoi, l'un des plus beaux carrés amoureux de la Création - rien à voir avec la collection Harlequin ! Carré qui se disloque pour finir par se tourner vers le travail pour oublier ce semi-échec. Cynthia, à la manière de My So-Called Life (une série live culte américaine), réussit à mélanger admirablement la passion au pessimisme réaliste. Précisons que Mochizuki a lui-même réalisé quatre des épisodes de la série, dont le premier et l'avant-dernier. Cynthia lui aura de plus permis de faire ses premières armes avec l'animateur Takayuki Gotô, futur designer des OAV de Video Girl Ai (dont Mochizuki a dessiné le storyboard du second épisode) et de Koko wa Greenwood, qu'il réalisera entièrement.
Mais la liste des participations prestigieuses de Tomomi Mochizuki est loin d'être close. On l'a aussi vu tenir un rôle très important sur la première série de Ranma 1/2, réalisée par un de ses mentors de l'équipe Asia-dô, mais aussi sur Project A-Ko 2, Twilight Q, le très beau et très adulte dessin animé romantique à sketches Ai monogatari, et de très nombreuses séries adaptées des oeuvres de Fujio F Fujiko, récemment décédé, dont Doraemon (depuis 1983) et Malicieuse Kiki. Mais son oeuvre n'aurait pas été complète sans une participation à Maison Ikkoku (Juliette je t'aime), avec son amie Akemi Takada. Il en a ainsi réalisé l'épisode 43 en 1987 puis l'année suivante le long-métrage, assez étrange graphiquement mais doté d'une belle ambiance et de superbes musiques...
Son destin est d'ailleurs parallèle à celui du film, qui tourne autour du mariage de Godai et de Kyôko, puisque Tomomi Mochizuki s'est marié lui aussi à la même époque. L'heureuse élue fut Masako Gotô, obscure dessinatrice des studios Pierrot, une des meilleures assistantes d'Akemi Takada (Creamy, Orange Road, Maison Ikkoku), qui l'a notamment épaulée très largement sur Ano hi ni kaeritai. Un joli couple, non ? Malgré le temps qu'il lui consacre, Mochizuki a quand même réussi à réaliser la deuxième et la troisième série vidéo de Dirty Pair Flash, qu'on oubliera rapidement, mais surtout en 1993 le téléfilm Umi ga kikoeru, produit par les studios Ghibli eux-mêmes. Un incontournable du dessin animé romantique là aussi ! Quelle chance a Masako d'avoir un mari aussi charmant...
René-Gilles Deberdt (ze romantique.)
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