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(Attention aux quelques spoilers disséminés dans l'article... ^^;)
Postman Blues
De Sabu, 1997, 1h50.
Postman Blues, c'est l'histoire d'un facteur qui s'ennuie... Sa vie se résume à une seule chose, la livraison à temps du courrier... Il ne gagne pas assez pour vivre correctement, et il se laisse même aller à s'imaginer en yakuza, connaissant le frisson du meurtre... Mais voilà, Shûichi n'est pas de ce genre là... Il est même plutôt gentil garçon. Alors quand il rencontre à l'hôpital un tueur vieillissant et condamné, il se lie d'amitié avec lui, sans arrière pensée. Et il trouve l'amour en la personne de Sayoko, une belle jeune fille elle aussi atteinte d'un cancer en phase terminale. Il lui fait une promesse : celle de la retrouver le lendemain à 15h... Mais il ne sait pas que ça va l'entraîner dans une course-poursuite infernale, hilarante et profondément tragique.
Difficile de ne pas s'ennuyer sur les vingt premières minutes du film... Le titre nous promettait du blues, en veux-tu en voilà... Mais Sabu aime apparemment mélanger les genres. Postman Blues ne se cantonne pas à un seul style, ne se résume pas en un mot... A la fois comédie policière, satire sociale, parodie, film d'action au rythme infernal, histoire d'amour et tragédie, PB se transforme aussi souvent que Shûichi pédale sur son vélo.
Le principe de base ? Le quiproquo. La police fait une enquête sur le gang dont fait partie Noguchi, l'ami yakuza de Shûichi. Ils partent du principe que s'il est venu chez lui, ce n'était pas pour lui apporter du courrier mais pour lui livrer de la drogue... A partir de cet instant, toute l'enquête sera basée sur cette idée, sur ce préjugé totalement faux, mais qui semble acquis pour ces flics si sûrs d'eux... On repèrera d'ailleurs parmi eux le cultissime Susumu Terajima, le plus fidèle acteur des films de Takeshi Kitano... Ainsi que Ren Ôsugi, l'émouvant paralytique de Hana-bi, dans un rôle tout aussi touchant ici, celui du tueur Joe, qui est reconnaissant envers Shûichi de l'amitié qu'il lui porte.
On remarquera dans un flashback consacré à Joe une excellente parodie de Léon, oui oui, le personnage de Jean Réno ! Un personnage très grand, affublé d'un bonnet, de lunettes noires rondes et d'une plante verte qu'il porte toujours sur lui...! Ils ont poussé l'humour jusqu'à l'appeler Lyon et à lui donner comme unique texte : "Oui... Oui... Oui..." ;-) Cette scène vaut déjà à elle seule l'achat du film ! ;-)
La deuxième heure du film n'a carrément rien à voir avec la première. Shûichi monte sur son vélo et fonce à toute allure vers trois destinations différentes, pour aller retrouver Noguchi (et lui sauver la vie de justesse), Joe (pour lui annoncer une grande nouvelle), et Sayoko, pour tenir sa promesse de la retrouver à 15h... Pendant une heure, Shûichi traverse toutes les rues de Tôkyô, et évite tous les pièges tendus par la police pour tenter de l'arrêter... Y arrivera-t-il, y arrivera-t-il pas ? C'est ce qui fait la dernière force du film : une fin tout en demi-teinte, qui nous laisse sur un sentiment de joie et de tristesse à la fois... Je ne vous en raconterai pas plus.
Au final, Postman Blues nous laisse sur un sentiment étrange, mais au moins une certitude fait surface : c'est un film complètement décalé, et profondément attachant.
(Vu en VCD, VO japonaise sous-titrée anglais)
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