> Articles Kamui no ken

RinTarô, l'un des plus grands réalisateurs de l'archipel, fut au début des années 80 la coqueluche de la Tôei Animation, qui lui confia tous les deux ans un nouveau long-métrage à gros budget. Après ses Galaxy Express puis Genma Taisen, son Kamui no ken, sorti en 1985, marquera de nouveau bien des spectateurs de par le charme étrange qu'il dégage.

Sept ans de mise au point et trois ans de production pour ce qui restera sans doute le film d'aventures japonais le plus diversifié qui soit... Pour preuve, le héros Jirô, un jeune Japonais exilé de son village suite à l'assassinat de sa famille adoptive qu'on lui a attribué à tort, vagabondera sur des milliers de kilomètres pour retrouver le légendaire trésor du Capitaine Kidd que recherche depuis des années son protecteur, le bonze Tenkai, qui lui a aussi enseigné l'art des ninjas. Son voyage l'emmènera jusqu'aux Etats-Unis, ce qui nous donnera l'occasion de découvrir le premier "vrai" western japonais (!), et à Jirô de jouer aux cow-boys et surtout aux indiens. Mais depuis qu'il s'est rendu compte que lui et ses vrais parents n'ont été que des marionnettes entre les mains de Tenkai, son seul désir est de lui faire subir la vengeance qu'il mérite... Et il fera tout pour trouver le moyen de vaincre ce monstre qui a vendu son âme au diable pour prendre le contrôle du Japon et l'isoler à nouveau du reste du monde...

Enveloppé d'une épaisse analyse historique de cette fascinante époque qu'est le début de l'Ere Meiji (1867-1912), où le Moyen-âge nippon rejoignit le modernisme occidental, le scénario de Kamui no ken ne souffre d'aucun défaut et saura vous tenir en haleine jusqu'au bout. C'est sans doute le film le plus abouti de RinTarô, qui y a mis tout son talent et toute son imagination. On y trouve de nombreuses scènes de combats au story-board ciselé avec génie, des plans de caméra sidérants de beauté, des personnages attachants, parfois déchirants et toujours criants de vérité... Et n'oublions surtout pas la bande son de Ryûdô Uzaki, aussi célèbre et originale que le film qu'elle illustre. En mélangeant un rock de qualité à des chants japonais plus traditionnels, elle crée à elle seule une ambiance qui vous arrachera les tripes...

Kamui no ken vous fera vibrer, rire et pleurer tout au long de ces deux heures et quart d'aventures épiques, inoubliables et surtout inégalées dans le genre jusqu'à aujourd'hui. Disponible jusqu'à présent uniquement aux USA chez AnimEigo, en cassette et laserdisc, il est sorti mi-avril chez Katsumi Vidéo, en version française malheureusement. On ne peut pas tout avoir.

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