> Articles Autour de Maison Ikkoku...

Le succès de Juliette je t'aime doit beaucoup au talent de scénariste de son auteur Rumiko Takahashi et à sa capacité à montrer les émotions. Elle a développé un univers si passionnant qu'elle a réussi à stimuler de nombreux auteurs qui ont pu apporter leur contribution à celui-ci...

Entamé fin 82, le manga original de Maison Ikkoku n'avait rien de très réjouissant au début... Il s'est heureusement assez vite amélioré. Il est amusant de savoir que lorsqu'il s'est agi de créer les génériques de la série en 1986, un pilote fut réalisé, qui reprenait le style graphique des premiers volumes ! On y a ajouté des chansons du très sixties Gilbert O'Sullivan, Get Down (pour le final) et le superbe Alone Again (pour celui de début), et ils ont atterri on ne sait trop comment sur l'épisode 24 de la série, qui n'a pourtant rien de spécial. Un petit clin d'oeil !

Animations inédites

Autres curiosités: un film vidéo qui reprend les moments-clé de la série (autant vous dire qu'en une heure et demie, ça passe très vite, trop vite), des vidéos musicales, et surtout deux films d'animation à remarquer. Le premier, Bangaihen Ikkoku-tô Nampa shimatsu-ki, diffusé anecdotiquement au cinéma au 1990 (il faut dire qu'il ne dure qu'une demi-heure), est l'adaptation fidèle d'un chapitre spécial de la fin du sixième tome du manga, une sorte de remake des Robinsons Suisses mettant en vedette toute la Pension. On s'attardera plutôt sur le vrai film, Kanketsu-hen (" final "), qui dure cette fois-ci 1h10, et raconte une histoire inédite et un peu tarabiscotée (comme toujours !) se déroulant deux jours après le mariage de Godai et Kyôko... Sorti en février 88, un mois avant la fin de la série, il n'a pas pu bénéficier du support de l'équipe de la série TV, qui travaillait d'arrache-pied sur son final. On a donc fait appel à Tomomi Mochizuki pour le réaliser (c'est " le " spécialiste des films romantiques, avec notamment à son actif ceux Umi ga kikoeru et les conclusions d'Orange Road et Creamy Mami), et à Yûji Moriyama pour le dessiner. Il avait beau avoir dessiné les 26 premiers épisodes de la série, et avoir bénéficié de l'assistance de Mutsumi Inomata (The weathering continent, Utsunomiko) sur ce film, le résultat n'en reste pas moins mitigé. Le film est toutefois sauvé par une superbe bande son composée spécialement pour lui par Eiji Mori.

Trésor musical

Vous pourrez trouver le CD de ce film chez Kitty Records, qui a déjà sorti une quinzaine de CD de musiques de Maison Ikkoku à ce jour. Si vous ne savez vraiment pas lesquels choisir, nous vous conseillons de vous jeter sur le superbe coffret Complete Music Box, qui pour 15.000 yens vous offre huit CD indispensables : quatre albums qui reprennent tout d'abord l'intégralité des musiques de fond et des chansons, mélangées entre elles à la perfection... Mais aussi le CD du film, un CD de chansons interprété de façon très honnête par la doubleuse de Kyôko (Sumi Shimamoto, plus célèbre pour avoir donné sa voix à l'héroïne nationale Nausicaä), et surtout, c'est là tout l'intérêt de cette compilation, deux albums de chansons inédites, celles qu'on entend avec délectation en bruit de fond dans les scènes de restaurant, de bar, ou même devant la télévision. A ce propos, l'épisode 19 était mémorable sur ce point : Kyôko, discutant avec Godai, laisse sa télé allumée et nous permet d'entendre trois superbes chansons. Elles sont toutes sur le premier album du lot. Les must de ces inédits : deux chansons époustouflantes écrites par Takao Kisugi (auteur-interprète de la plus belle chanson de la série, Ashita hareru ka ?), mais aussi la chanson rétro qu'on entend dans l'épisode 36 (qui nous conte l'amour perdu d'Akemi), et enfin une langoureuse chanson de Tokiko Katô, alias Gina dans Porco Rosso. En bonus, il y a même une musique symphonique de Shigeaki Saegusa (Astro, Z-Gundam, Char's counterattack...). Un coffret vraiment magique ! Et pour ceux qui lisent le japonais, le livret est une véritable mine d'informations. Avec lui, les musiques de la série n'auront plus de secret pour vous !

En chair et en os !

C'est tout ? Ah ça non. S'il y a une oeuvre que les fans de Maison Ikkoku se doivent de connaître, c'est bien le... film live ! Eh oui, il existe bel et bien (voir Namida 1). Réalisé en 1986 par Shin'ichirô Sawai et produit par la Tôei et Kitty Film, il est étonnant qu'on n'en ait encore jamais entendu parler en France. Pour une fois, les acteurs ne sont pas trop mauvais. Ils reprennent en fait la même gestuelle que dans le manga : Ichinosé la fêtarde sort ses éventails à tout bout de champ, Akemi se balade l'air endormi et à moitié nue, et Yotsuya est encore plus sombre et taré que dans l'original. Ici, confondu avec quelqu'un qui est recherché par la police, il se voit poursuivre tout au long du film par des inspecteurs qui ont bien du mal à passer inaperçus... Et c'est à eux qu'il fera subir dans un passage désopilant ses mimiques totalement grotesques et apparemment si sérieuses qu'il a l'habitude de nous offrir... N'oublions pas le petit Kentarô, qui apparaît furtivement en compagnie du chien de Kyôko, Sôichirô, qui ressemble lui aussi beaucoup à l'original. On ne pouvait guère faire mieux.

Sauf peut-être pour nos deux héros. Ken Ishiguro, qui joue le rôle de Godai, se débrouille il est vrai très bien. Mais Kyôko pourra décevoir au premier abord: elle est loin du physique de l'original, et certaines scènes ont bien du mal à cacher l'épaisseur de ses sourcils. Par contre, elle se rattrape sur le plan du sourire et de la voix, où elle est parfaite... L'idylle amoureuse de nos deux tourtereaux, bien qu'elle ne se conclue pas à la fin du film (le manga n'était pas encore terminé !), met en tout cas bien moins longtemps à se développer que dans l'original.

On retrouve la scène où Godai, complètement saoûl, fait une déclaration à Kyôko et manque de la violer, mais loin d'être oubliée par la suite, elle se fait encore plus présente à la fin. Kyôko, qui rend visite à Godai dans son petit appartement (il est parti provisoirement de la Pension), reste pour dormir chez lui (vous pouvez m'expliquer pourquoi elle avait mis sa chemise de nuit sous ses vêtements ?). Figurez-vous que, non contente de dormir aux côtés de Godai, elle lui demande de lui répéter ces mots d'amour qu'il a prononcés quelques jours plus tôt... Yûsaku se précipite alors pour la serrer dans ses bras, mais le souvenir de Sôichirô empêchera notre héroïne de concrétiser... Grr. Oui, je sais, c'est un peu rageant, mais c'est déjà formidable : Godai a un espoir... Et vivre sans espoir est le pire des châtiments... Il lui suffira désormais d'être patient. Un jour, il sait qu'il pourra enfin demander sa main à Kyôko et la protéger pour l'éternité...

La scène la plus mémorable du film est à prendre au second degré, et démontre clairement l'ambiance un peu folle qui règne sur la Pension. Inspirés par l'atmosphère du moment, les trois lurons organisent une " comédie musicale " (Maison Ikkoku Musical, alias MIM, avec bien sûr l'intro de la MGM... n'oubliez pas d'y remplacer le lion par Sôichirô !), composée de deux chansons (une triste, et une gaie légèrement mélancolique dont la chorégraphie vous fera mourir de rire), et à laquelle participeront entre autres Yûsaku et Kyôko, affublés comme les autres de déguisements. Mais non contents de nous faire plaisir en nous montrant une Kyôko beaucoup moins prude que dans le manga (ah, elle est sublime en uniforme de lycéenne !), les auteurs ont également pensé à soigner les chansons... D'ailleurs, les musiques du film sont signées d'un certain Jô Hisaishi, qui venait de s'occuper de la bande son de Laputa, et préparait celle de Totoro. Eh oui. Du coup, on sent l'influence de son style musical de ces deux films sur celui de Maison Ikkoku. Et c'est pour notre plus grand bonheur !! A quand une sortie en France ?

Cyber Namida est le fruit de la passion de René-Gilles Deberdt. Tous droits réservés.