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Hanabi
De Takeshi Kitano, 1997, 1h40.

J'ai toujours aimé Kitano. Je l'ai découvert il y a quelques années, en achetant "pour essayer" une cassette de son film Sonatine, en VO sous-titrée anglais. J'ai été halluciné par sa façon de mélanger l'humour au drame. Par son talent pour mettre en scène une histoire dans laquelle, finalement, tout ce qui se passe c'est qu'une bande de yakuza attendent sur une plage déserte que leurs patrons leur envoient des ordres. Vous imaginez vous, tout un film se déroulant sur une plage, montrant une bande de mecs pas très bavards qui font leur possible pour passer le temps ? Ben moi non plus. Et pourtant, le résultat est formidable. Les yakuza redeviennent des enfants et c'est probablement ce qui rend la fin encore plus traumatisante. Sans compter que la musique était vraiment superbe. Normal, elle est signée de Jô Hisaishi, qui a participé à tous ses films sauf à son premier, Violent Cop.

Quelques années plus tard, je me suis laissé aller à acheter la cassette de Kids Return. Une révélation là aussi. Une tranche de vie entre deux ados turbulents, une chronique qui ne se termine ni bien, ni mal, comme dans la vie quoi... Avec en plus la participation de l'excellllent Leo Morimoto (la voix de Shirotsugu dans Honneamise et le père de l'héroïne dans Love & Pop) dans le rôle du professeur un peu déprimé.

Bon, bref, j'allais voir Hanabi au cinéma en me levant du bon pied. Et je n'ai vraiment pas été déçu. De nouveau ici, un film dont la violence ne sert qu'à illustrer le propos, et encore plus la douleur au fond des coeurs. Un film où Kitano dit en tout et pour tout trois phrases (je n'ai pas compté mais presque) et préfère montrer de belles images que de faire de longs discours pompeux. Parce qu'il aurait pu : le sujet rappelle un peu L'Arbre de Noël. Takeshi est un inspecteur un peu désabusé, qui vient à peine de perdre sa fille et apprend que sa femme, atteinte d'une leucémie, est condamnée à court terme. Il décide alors de tout plaquer et de partir pour une ultime lune du miel avec elle...

Là où le scénario diverge par rapports à d'autres films du même genre, c'est que Kitano n'a pas l'argent, et qu'il va élaborer un stratagème pour réussir à cambrioler une banque tranquillement, sous l'oeil même des caméras de sécurité. Poursuivi par ses anciens collègues, qui ont toujours un train de retard sur lui sur ce long parcours à travers le Japon (mais n'est-ce pas par hasard volontaire de leur part ?), Kitano redécouvre la nature, tout un monde qui lui a inspiré de nombreux tableaux qu'on voit apparaître régulièrement dans le film, présentés comme étant signés d'un ami de notre héros, privé de ses jambes, abandonné par sa famille et qui n'a plus que la peinture et ses rêves pour l'accompagner. Un personnage tout aussi bouleversant que celui campé par Kitano.

Je n'avais jamais vraiment pleuré devant un film du grand Takeshi, bien que souvent ému par son cinéma. Mais cette fois, je n'y ai pas manqué. Le final du film est vraiment bouleversant, à la fois juste, honnête et compréhensible. Pourtant, le choix final du personnage (que je préfère vous épargner, si jamais vous voyez le film un jour) peut paraître a priori répréhensible. Mais celui qui a vraiment compris le film par ses tripes ne pourra que s'éprendre d'amour pour ce héros et sa femme, si touchants dans leur amour simple et vraiment sincère.

Quand je pense que Kitano a été pendant de nombreuses années élu comme étant la personnalité la plus populaire de la télévision, pour avoir été animateur burlesque ! Vous imaginez Lagaf faire des films vraiment touchants ? C'est peut-être ça la plus grande leçon que nous donne Kitano : une leçon de tolérance envers les hommes, qu'ils soient poètes ou animateurs d'émissions débiles. Chacun a un coeur et n'attend qu'une seule chose : pouvoir s'en servir un jour...

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