> Sanctuaire Saint Seiya Critique rapide (parue dans le manga)

Alors que la section du Sanctuaire a remporté un grand succès parmi la plupart des fans de Saint Seiya, Asgard est beaucoup plus controversé. Considéré comme à part dans l'oeuvre, cette mini-série tire pourtant ses sources du manga, plus exactement de l'histoire de Natacha, publiée à la fin du tome 13. On y retrouve un prototype des God Warriors (les Blue Warriors), et Natacha, portrait craché de la Freya du film d'Asgard (accessoirement, elle porte également le prénom de la mère de Hyôga). Plus tard, le film jetera les bases de la mini-série qui suivra peu après. Un univers entier a été recréé par le scénariste Yoshiyuki Suga et le réalisateur Shigeyasu Yamauchi à partir de peu de choses. Le succès du film donnera l'idée à la Tôei de donner plus d'espace (26 épisodes !) à son équipe pour la laisser raconter sa propre vision du mécanisme de l'univers Saint Seiya.

Heureuse idée. S'éloignant du côté un poil manichéen de la première série, Asgard nous présente des "méchants" à la psychologie très poussée. Chacun, à sa manière, a de véritables raisons de vouloir battre nos chevaliers. Par respect ou amour envers leur princesse (la fidélité au Grand Pope était finalement quasiment la seule raison de se battre des Chevaliers d'Or), mais aussi par dégoût envers l'humanité ou pour se trouver une âme à travers leurs adversaires.

L'histoire en elle-même reprend quelque peu le schéma de la saga du Sanctuaire : ici, il faut à nos chevaliers sauver le monde (et Athéna par la même occasion) d'une montée des eaux en allant retrouver la prêtresse d'Asgard, Hilda, et lui demander de renouveller ses prières à Odin, le dieu des Scandinaves. Manque de chance, celle-ci est envoûtée par Poséidon et rêve de conquérir la planète. Un rêve stupide que ses dévoués serviteurs les Guerriers Divins expliquent par la lassitude des conditions climatiques de leur royaume. Pour eux, il est légitime qu'un peuple qui s'est sacrifié pendant des siècles pour le bien de la planète ait droit à un tant soit peu de reconnaissance.

Graphiquement, la série a beaucoup changé depuis le Sanctuaire. Les personnages sont plus fins (l'influence de Michi Himeno sur le character-design est évidente), les couleurs rutilantes, les décors nombreux et diversifiés (ils exercent même une certaine fascination), et on ne retrouve pas dans l'équipe de production les moins bons éléments de la première série, tels que Shizuo Kawai, responsable du massacre sur les disciples de Shaka. La bande son, toujours signée du grand Seiji Yokoyama, accueille au premier plan et avec bonheur de nouveaux instruments tels que l'accordéon ou l'harmonica. Il ne manquait plus qu'un bon scénario. Il est difficile d'établir exactement qui est à l'origine de la personnalité des Guerriers Divins, mais il semble qu'ils ne soient pas l'oeuvre de Kurumada. On retiendra particulièrement les histoires traumatisantes des frères ennemis, Syd de Mizar et Bud d'Alcor, et du très populaire Mime de Venetnasch. A l'exception peut-être d'Albérich, que la soif du pouvoir a rendu fou tel un Death Mask en puissance, tous ces chevaliers sont attachants et dignes du plus grand respect. Ils sont pour beaucoup dans l'ambiance dramatique et fataliste de cette mini-série.

L'inspiration mythologique se tourne bien sûr vers les légendes du Grand Nord. Hagen, à l'origine, est celui qui tua le grand héros Siegfried sur la demande de Brunehilde (qu'on peut comparer à Hilda). Albérich était le chef des fameux Niebelungen, et Mime était le nain tuteur de Siegfried. Fenrir d'Alioth est inspiré du loup Fenrir (ou Fenris), fils de Loki. Thor de Phecda tire bien sûr son nom et ses haches (un marteau à l'origine) du dieu homonyme. Syd et Bud sont une pure invention, mais avec quel talent ont-ils été créés !

René-Gilles Deberdt

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