> Sanctuaire Leiji Matsumoto Les épisodes d'Albator

Avant de passer aux détails techniques, je vais d'abord vous raconter l'histoire de ce film. Il se déroule, contrairement à ce à quoi on aurait pû s'attendre, avant la première série télé.

Phantom F. Harlock, lointain ancêtre du capitaine, ouvre le film en nous montrant le courage que possède depuis toujours la famille Harlock. Il a écrit un livre, Waga seishun no Arcadia, où il parle (je suppose...) de son Arcadie (paradis) à lui, la région de Heiligenstadt, en Allemagne centrale, dont il est originaire. Ce livre restera dans sa famille et arrivera jusqu'au troisième Phantom F. Harlock du nom, le capitaine lui-même, plus de mille ans plus tard. Il est beau, il est jeune, il a encore ses deux yeux mais déjà sa balafre. Il va faire s'écraser son vaisseau, le Death Shadow, sur la Terre, afin de le rendre inutilisable par les Illumidas (Humanoides en Vf), les extraterrestres qui ont envahi la Terre et la contrôlent de la même façon que dans la série "V". Sur Terre, Harlock rencontre Tochirô dans un bar. Celui-ci veut se rebeller contre les oppresseurs et révèle à Harlock qu'il possède des armes, pourtant confisquées par les Illumidas depuis fort longtemps. Tous deux sont vite arrêtés, et pour voir si Harlock a l'intention de se rebeller, on lui sonde le cerveau. Tout ce qu'on va retrouver, c'est le souvenir de l'amitié qui lie depuis la 2eme Guerre Mondiale les familles Harlock et Ôyama. Ces souvenirs vont se transformer en superbes images, pour le plus grand plaisir des spectateurs du film. Ce flash-back est long, original, poétique et philosophique - notamment le long monologue d'Harlock précédant son arrivée en Suisse, remplacé en France par le non moins philosophique générique de début... (ben oui, il nous donne une sacrée leçon...de mauvais goût!)

Plus tard, Tochirô fait la connaissance d'Emeraldas (dont il va tomber amoureux), tandis qu'Harlock retrouve l'espace d'un instant sa fiancée, Maja, "la voix de la liberté", une fervente résistante qui fait de la radio clandestine. Malheureusement il est victime d'une embuscade et y perdra son oeil droit. De retour au campement d'Emeraldas, il se fera soigner, puis aborder par des habitants de la planète Tokarga qui veulent se rendre sur leur patrie pour la protéger avant qu'elle soit détruite par les Illumidas. C'est là que Tochirô propose à Zoll (le chef de file) d'utiliser son propre vaisseau, l'Arcadia. Il confie son pilotage à Harlock. Mais au moment de partir, les envahisseurs capturent Emeraldas et Maja, et menacent Harlock de les tuer s'il s'éloigne de la Terre. Zool, resté sur le sol, interviendra et libèrera les deux femmes, mais il le paiera de sa vie (superbe séquence). Emeraldas, quant à elle, se fera balafrer dans ce même moment...

Une fois arrivés sur Tokarga, Harlock constate avec dépit que les Illumidas ont déjà fait le ménage avant eux. Il ne reste qu'une survivante, Mira, la petite soeur de Zoll, accompagnée de son oiseau pleureur. Mais elle mourra au cours du retour sur Terre. Les autres hommes de Tokarga, voyant que la dernière femme est morte, savent que leur race est condamnée et n'hésitent pas à sacrifier leur vie pour alléger le vaisseau lorsqu'il est en danger d'être détruit par l'attraction d'une planète maléfique... (ouais c'est bizarre ce que je raconte mais de toutes façons il faut le voir pour comprendre...) Harlock ne rentre sur Terre que pour constater la mort de Zoll, et pour assister aux derniers instants de la vie de Maja, qui mourra surtout d'épuisement. De plus cette fois il est chassé par Trayter (le chef du gouvernement terrien) et Zéda, un haut dirigeant Illumidas. Harlock accepte, mais avant de partir il devra accepter un duel (par vaisseaux interposés) contre Zéda. Le combat sera rude mais loyal, et la mort du chef Illumidas sera magnifique et pleine de dignité. Elle sera suivie par une cérémonie "d'enterrement" de Zoll, Mira et Maja, ressemblant à celles du deuxième film de Star Trek ou des Maitres du Temps (leurs cercueuils seront expulsés dans le vide spatial où ils erreront à jamais)

Superbe, quoi. SUBLIME, même.

Le titre international de ce second film est My youth in Arcadia. Une erreur de traduction des japonais mais qui fait une analogie entre le vaisseau Arcadia et le paradis grec, l'Arcadie, "ma jeunesse paradisiaque"... En fait, la traduction littérale donnera "Arcadia de ma jeunesse", tout bêtement. Remarquez qu'on peut toujours faire l'analogie mais qu'elle est moins évidente.

Waga seishun no Arcadia est sorti en salles le 28 juillet 1982. Il est toujours produit par la Tôei Animation et dessiné par Kazuo Komatsubara. Je ne ferai pas trop de commentaires sur sa réalisation : elle est excellente (Tomoharu Katsumata, le metteur en scène, est quelqu'un d'expérimenté qui fait toujours un travail très propre quand on lui en donne les moyens) et ressemble à la série TV qui suit, avec un budget plus conséquent. Les musiques sont de Toshiyuki Kimori, je crois. Il a aussi travaillé sur la série des Dirty Pair. Pour Arcadia, il a composé quelques beaux thèmes, mais a aussi beaucoup pioché dans la musique classique - bon, d'accord, toute composition datant de plus de cent ans tombe dans le domaine public et peut être réutilisée sans avoir à payer de quelconques droits, mais ça n'est pas une raison pour essayer de faire croire au spectateur que ces morceaux ont été écrits par Kimori... (puisque aucune mention n'a été faite dans les génériques de Grieg (le compositeur de la Chanson de Solveg) et d'Albinoni dont le sublissime Adagio est utilisé plusieurs fois...)

Ne boudons pas notre plaisir. Le résultat est un film merveilleux de 2h10, et croyez-moi on ne s'ennuie pas malgré la lenteur de certaines séquences. Ce qui prouve le talent des auteurs... Tout l'ensemble est de haut vol, que ce soit le story-board, les dessins, l'animation, l'accord entre les images et les musiques, le rythme de narration (très adulte)... Il y a de nombreuses séquences d'émotion: la mort de Phantom F. Harlock, le long flash-back (qui se permet de nous épater en présentant un Harlock vivant pendant la Seconde Guerre Mondiale...), la séquence où harlock retrouve Maja, celle où Zoll confie à ses nouveaux amis le soin d'aller sur Tokarga, le départ, le retour avec la mort des derniers survivants de Tokarga, la mort de Maja, celle de Zêda et enfin les adieux du capitaine à sa bien-aimée... Pour ma part, ce film est mon long-métrage préféré, du moins si on considère Saint Seiya Abel comme un moyen métrage, huhu... J'aime les films qui prennent leur temps pour analyser les sentiments des personnages au lieu de les faire se remuer le cul toutes les six secondes - je fais une exception pour City Hunter Bay city wars quand même.

La version française

Un massacre! Waga seishun no Arcadia, revendu en même temps que SSX aux français (on peut considérer ce film comme un épisode pilote), a été diffusé en France à la suite de la série SSX, alors qu'il aurait été plus logique de le diffuser avant. Que voulez-vous, les français ont une dérogation qui leur autorise à ne pas utiliser leur cerveau. Quant au doublage, il est du même acabit que pour SSX: bizarre... Enfin, plusieurs séquences ont été censurées. C'est surtout le flash-back qui a été escamoté mais on a aussi retiré une "image song" au début du film, remplacé une musique de fond mélancolique par le générique français (très enjoué) et bien sûr coupé les images du générique du début, où l'on voyait des gros plans du visage d'Harlock puis des plans d'ensemble du Death Shadow, le tout accompagné par une fort belle musique de fond. On aurait pû avoir pire, bien sûr, mais c'est pas une raison...

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