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Prenez Bubblegum crisis, ajoutez-y une bonne dose du film qui l'a inspiré, Blade Runner, ainsi que l'ambiance et le scénario d'un bon gros succès du film fantastique japonais, mettons Akira. Mélangez bien le tout. Vous obtiendrez AD Police.

Les OAV

C'est le 25 mai qu'apparaît le premier volume d'une série qui devrait en compter six - on attend toujours les trois derniers, snif. Maboroshi no onna (la femme-fantôme) jette les bases d'une ambiance à des kilomètres de celle de Bubblegum crisis. Quelques années avant l'arrivée des Knight Sabers, la ville de Tôkyô a pris des dispositions assez précaires mais sincères contre le problème naissant du Boomer-crime (les délits où sont impliqués ces fameux robots intelligents). C'est ainsi qu'est née la section spéciale de l'AD Police, dont fait partie le flic désabusé Leon McNichol, seul lien vivant avec la saga Bubblegum, qui est un peu la seule part d'humanité de cette oeuvre si noire qu'on aura vite fait de s'en remettre à Leon, qu'on connaît déjà suffisamment pour ses déboires amoureux avec la jolie Priss Asagiri...

Le Japon décrit dans AD Police est pire que celui de Blade Runner. Espoir, où es-tu ? C'est comme si la ville entière avait oublié que le maître ici est censé être l'homme, cet être doué de pensée et d'émotions. Cet oubli latent est peut-être dû au perfectionnement progressif des Boomers, chaque jour plus intelligents, à un point tel qu'on les croirait humains (voir Bubblegum Crash 2). Comme le dit Leon à la fin du premier épisode, "peut-être que ce sont eux qui sont le mieux adaptés à cette ville..." L'idée de la cohabitation floue entre hommes et machines revient aussi dans le deuxième épisode, qui nous conte l'histoire d'une femme d'affaires qui a préféré la castration de ses organes génitaux pour augmenter sa productivité en supprimant ses inconvénients mensuels, et qui perd par là-même son identité, en tombant dans le gouffre de la cybernétisation: après avoir fait remplacer 70% de ses organes, la Loi l'a définie comme étant devenue... un Boomer. Lancée dans une course contre ses démons, elle finira par mourir comme un humain, comme elle l'avait toujours voulu.

Et rebelotte pour un troisième épisode toujours déchirant, quoique moins réussi que les deux précédents, de par son "étrange" ressemblance avec Robocop... Toujours est-il que les personnages présentés dans ces trois volumes sont bouleversants, de par leur façon si humaine de refuser ce changement que la technologie leur a imposé - même s'il ne s'agit que d'un bras ou même d'un oeil implanté, le dilemme est terrible pour ces hommes et ces femmes. Les amateurs de scenarii très travaillés et d'ambiance morbide sauront qu'ils doivent se précipiter sur cet OAV, disponible en version anglaise en K7 Pal, mais surtout dans une excellente version LD NTSC, sous-titrée chez AnimEigo... On ne pourra pas non plus passer sous silence la grandiose bande son, elle-même agrémentée de chansons inoubliables de Lou Bonnevie, Love me tonight méritant à lui seul l'achat du LaserDisc !!

Le manga

C'est le tourmenté Tony Takezaki qui a conçu cet univers de timbrés. Son premier manga, AD Police 25:00, sorti avant l'OAV, et, fait rarissime, proposé en anglais et japonais dans les mêmes bulles (!), nous offrait une balade d'introduction dans un Mega-Tôkyô éprouvant. Mais ce n'est rien à côté de AD Police, Dead End City, un tome magnifique divisé en trois histoires liées entre elles par un point commun inattendu - et passionnant - qu'on découvre petit à petit. Les thèmes abordés ici rappelleront franchement Akira, mais, contrairement à beaucoup d'autres, il est loin d'en être une pale copie. De plus, là où Akira remplit des milliers de pages pour nous laisser sur notre faim, AD Police fait la même chose, en mieux et en 200 pages. Impossible de décrire dans cet article toutes les qualités qu'on peut lui imputer, toute la maturité qu'il dégage.

Le version française du manga reprend les superbes pages couleurs "oubliées" dans la version US, ainsi que quelques fiches techniques amusantes qu'on trouve à la fin du volume original, contrairement à la version US. Alors surtout, ne le ratez pas !!!

PS: en complément à cet article écrit pour Okaz, j'aimerais préciser plusieurs choses. Comme vous le savez peut-être, c'est moi le traducteur de cette oeuvre (^_^). Mais elle est un peu gâchée par quelques erreurs d'adaptation de Samouraï. En voici une liste non exhaustive (je n'ai pas encore relu le manga en entier...)

Page 24, en haut à droite, il faut lire ainsi les textes affichés sur l'ordinateur:
- case 1: " sans doute mourir... "
- case 2: " je vais sans doute mourir... " (sans les deux R, merci !)
- case 3: " je vais sans doute mourir... " répété à l'infini.
C'est la preuve irréfutable que leurs adaptateurs boivent. Ils n'ont même pas essayé de comprendre l'histoire, ils ont mis ce qui leur passait par la tête, on dirait...

Page 89, tout en bas, remplacez " Game building " par " Genom building ". J'avais oublié de mettre la traduction dans le script, mais enfin, Genomu, c'est pas si difficile à lire !!

Enfin, pour les grosses erreurs, vous avez surtout, en page 151, les deux dernières bulles qui sont inversées. C'est bien le robot qui dit " Je vous fais mes adieux ".

Mais tout ceci n'est rien par rapport au massacre organisé par la suite sur mes traductions de Miyu 2, et surtout Conspiracy et Metal Hunters D. Mon dieu ! Ames sensibles s'abstenir... De fait, je mettrai peut-être un jour les scripts originaux sur mon site, si ça intéresse quelqu'un...

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